Son retour était aussi attendu que planifié. Un message de réconfort habilement chorégraphié et remanié jusqu'à la dernière minute. Une opération au nom symbolique de «Easter Lite» («Pâques légère»). Objectif: rassurer sur la forme de Charles III, au milieu de son traitement contre un cancer. Méthode: l'exposer aussi brièvement que possible à la foule, à l'occasion du service de Pâques organisé ce dimanche à la chapelle Saint-George, à Windsor.
Le résultat a été court, net, incisif. Un petit tour de cinq minutes, top chrono, 56 poignées de main (selon un décompte du Telegraph), une carte de rétablissement faite main un peu froissée, quelques formules rassurantes et la promesse solennelle à ses sujets ameutés derrière le cordon qu'il «fait de son mieux». Pas si mal, pour une première sortie publique en près de deux mois. La toute première depuis l'annonce de diagnostic de cancer, le 5 février.
Quelques minutes plus tôt, le roi prenait place au coeur de la chapelle Saint-George pour le traditionnel service religieux, assis un peu à l'écart des autres membres de sa famille. Ordre a été donné par ses médecins d'éviter les grandes foules à l'intérieur, pour prévenir tout risque d'infection.
La congrégation royale, très élimée, comprenait son frère en disgrâce, le prince Andrew, son ex-belle-soeur Sarah Ferguson, sa soeur la princesse Anne et son mari Sir Tim Lawrence, ainsi que son frère, le prince Edward et la duchesse Sophie. Une petite bande qui, sitôt la messe terminée, est retournée au château à pied, en lançant à la foule de «joyeuses Pâques», pour un repas de famille.
La présence de Charles en chair et en os marque la fin de semaines de rumeurs «Viendra» ou «Ne viendra pas». Une véritable mission d'équilibriste pour le palais de Buckingham, entre confiance affichée et nécessité d'éviter de fomenter de grands plans sur la comète, comme le soulignait la semaine passée un initié du Daily Beast:
«Aux portes de la mort...» Certains n'avaient pas attendu la résurrection pascale de Charles pour émettre ce genre de pronostic. C'est le cas du compte Instagram In Touch Weekly, à la crédibilité très discutable, mais à l'audience de plusieurs centaines de milliers d'utilisateurs, qui est allé jusqu'à affirmer que la situation de Charles serait «désespérée» et qu'il ne lui resterait que «deux ans à vivre». Un message vidéo publié par le palais à l'occasion du jeudi Saint, où Charles apparaît considérablement amaigri, n'a rien fait pour contrecarrer cette hypothèse.
Ce dimanche, le souverain a tordu le cou aux rumeurs les plus pessimistes. Bien qu'assez pâle et les yeux rougis, sa posture droite, son large sourire et sa cravate bleue ciel à motif bateau ont été perçus comme des signes encourageants. Une once de réconfort pour une institution qui a passé la grande partie de l'année à lutter contre les crises sanitaires.
Une «étape importante», aussi, résume une source du palais au London Times, dans la lutte de Charles contre sa maladie. «Comme on peut le constater, le roi a réagi de manière très encourageante à son traitement, au cours des dernières semaines.»
Toutefois, ne nous emballons pas. Le monarque de 75 ans reste fragile. Si certains rapports suggéraient que Charles pourrait se rendre à pied à l'église, leurs espoirs ont vite été douchés: au terme de ce bref «bain de foule», le roi est remonté fissa dans sa Bentley de cérémonie. Sans même s'autoriser à rejoindre le reste de sa clique pour le déjeuner de Pâques.
Reste à déterminer si cette apparition fugace suffira à apaiser les inquiétudes autour de Sa Majesté, dont la nature du cancer ni la gravité n'ont toujours pas été spécifiés. Malgré son retrait de la vie publique, la priorité du roi est de renvoyer un certain sentiment de normalité. En coulisses, il continue d'honorer son rendez-vous hebdomadaire avec le premier ministre et ses audiences diplomatiques. Hors de question, pour le moment, de déléguer: Charles est aux commandes du navire royal et prend les décisions.
Contrairement à sa belle-fille, Kate, qui risque de passer une bonne partie de son traitement et de sa convalescence loin des radars, Charles a conservé un semblant de profil public en se faisant conduire à Londres dans une voiture de cérémonie aux fenêtres volontairement surdimmensionnées – comme un appel à être photographié.
L'épreuve de Pâques derrière eux, le roi et la reine devraient à présent observer une brève pause pour profiter d'une «période de calme». S'en suivra une période de «mesures douces» et un retour «progressif», à mesure que le temps s'améliore, à certaines fonctions publiques cet été - voire à de grands rassemblements organisés à l'extérieur.
Des sources du palais n'excluent la possibilité que le roi soit suffisamment en forme pour assister au fameux rassemblement Trooping the Colour, en juin, ainsi qu'aux commémorations du 80e anniversaire du débarquement. Une source a cependant prévenu le Telegraph que tous ces projets restaient «en évolution» et soumis à la réserve des «conseils médicaux». Tout en précisant que: «Il y a beaucoup d’espoir et d’optimisme à la fois de la part des médecins et du patients.»
En attendant, voici de quoi vous donner une autre bonne dose d'espoir. Si le service de Pâques a marqué l'apparition publique la plus importante de Charles à ce jour depuis des semaines, c'était également celle de l'écuyer le plus sexy de mémoire royale! Nous avons nommé: le lieutenant-colonel Johnny Thompson, fringuant écuyer du roi Charles, qui a nous a gratifié d'une brève - mais plaisante - incursion aux côtés de son patron.
Un vrai petit miracle de Pâques, depuis que le lieutnant est passé à un rôle moins public, intimidé par des hordes de fans sur les réseaux sociaux. Mais ça, c'est une autre histoire.